Prenez le temps de visionner cet épisode incontournable !…
Avec une intervention passionnante d’Anne-Sarah KERTUDO, juriste, à propos de l’accès aux droits et de la convergence des luttes
Désavantage souvent naturel, infériorité qu’on doit supporter » En 2020, la définition du Larousse fait encore croire que le handicap est une réalité médicale, une évidence naturelle, une observation dénuée de tout contexte. Et pourtant, si le mot handicapé peut correspondre à la fois à une personne sur une chaise roulante, un sourd, un dyslexique ou même un “débile léger” – pour reprendre une catégorie médico-administrative – c’est bien qu’il désigne d’abord d’un phénomène social. Le handicap dit surtout le regard d’un groupe social se considérant “valide” sur un autre qu’il estime “invalide”.
Combien de personnes en situation de handicap en France ? La confusion des chiffres dit bien le trouble de la qualification. En 2017, 1,16 millions de personnes sont bénéficiaires de l’Allocation Adultes Handicapés. Mais 12 millions déclareraient avoir un problème de santé depuis au moins 6 mois et rencontrer des difficultés importantes dans leurs activités quotidiennes ou avoir eu un accident de travail dans l’année.
En 2018, l’Insee dénombrait 2,8 million de personnes de 15 à 64 ans ayant une reconnaissance administrative du handicap qui devrait leur garantir un emploi, grâce à la loi de 1987. Or seules près d’un million de personnes considérées comme handicapées travaillent. Faut-il rappeler pourtant que l’enjeu n’est pas de gommer la singularité, mais bien d’admettre la différence ? Qu’adapter les institutions, ce n’est pas faire une faveur aux personnes en situation de handicap ? Qu’il ne s’agit pas d’un privilège accordé ? Ne pas discriminer ne signifie pas traiter à l’identique mais offrir les aménagements nécessaires à ceux et celles qui en ont besoin.