Le programme « éduquer à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité » à l’Education Nationale a (enfin !) été publié ce jeudi 06 février 2025…

Le premier programme d’éducation à la sexualité, contesté depuis plusieurs mois par une partie de la droite et les milieux conservateurs, a été validé par la ministre Elisabeth Borne et publié jeudi au Bulletin officiel.
Education affective et sexuelle à l’école : que contient le programme qui sera appliqué à la rentrée de septembre ?
Il voit enfin le jour. Le premier programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle a été officiellement publié au Bulletin officiel, jeudi 6 février, pour une mise en œuvre en septembre 2025 dans les écoles, collèges et lycées. Il prévoit “au moins trois séances annuelles spécifiques obligatoires” dans les établissements publics et privés sous contrat. Ces séances étaient jusque-là théoriquement imposées par la loi depuis 2001, mais étaient de fait peu réalisées. Convaincu de leur nécessité, l’ex-ministre de l’Education Pap Ndiaye avait annoncé la relance de ce chantier en septembre 2022. Le programme faisait l’objet de concertations depuis mars 2024 et son élaboration a été marquée par de fortes contestations venant d’une partie de la droite et des milieux conservateurs. Franceinfo vous résume son contenu final.

En maternelle, connaître son corps et ses émotions
Les questions liées à la sexualité ne sont pas abordées dans le premier degré. Le ministère de l’Education nationale a fait le choix de porter les apprentissages sur la vie affective et relationnelle.
En maternelle, avant l’âge de 4 ans, les élèves apprennent à connaître leur corps et à comprendre ce qu’est l’intimité. Ils développent la capacité à s’affirmer par le consentement et à accepter le refus d’autrui. Cela peut passer par des questions comme “est-ce que je peux m’asseoir à côté de toi ?” ou “est-ce que je peux te prendre la main ?” Les enfants comprennent aussi qu’un métier peut être choisi indifféremment par les filles ou les garçons, “en fonction des compétences”. Après 4 ans, le programme leur explique comme identifier un adulte de confiance. Ils appréhendent également les structures familiales à partir de ce qu’ils ont observé. A partir de 5 ans, l’accent est mis sur les émotions et les sentiments. Ils étudient par ailleurs les ressemblances et les différences physiques entre les filles et les garçons.
En élémentaire, approfondir le consentement et comprendre la puberté

En CP, les écoliers doivent nommer les parties de leur corps, dont les parties intimes, “avec un vocabulaire scientifique précis”. Ils creusent un peu plus les différentes structures familiales, entre hétéroparentalité, monoparentalité, homoparentalité, adoption, famille recomposée ou encore sans enfant. En CE1, ils prennent conscience que le genre, le handicap ou l’état de santé ne sont pas un obstacle pour nouer des amitiés, et que l’on peut aimer qui l’on veut. Ils apprennent à définir et repérer des stéréotypes, notamment de genre, et des discriminations, grâce à des catalogues de jouets, par exemple.
A partir du CE2, la notion de consentement est approfondie, avec la compréhension du fait “qu’on a le droit d’hésiter et qu’une hésitation ou un doute ne doivent pas être considérés” comme un “oui”. En CM1, les élèves découvrent les changements induits par la puberté et doivent reconnaître ce qu’est le harcèlement, y compris sexuel. En CM2, ils nomment les organes reproducteurs et leur fonction. Enfin, ils doivent prendre “conscience que l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux présente des dangers”.
Au collège, informer sur la sexualité et les violences sexuelles

Dans le second degré, donc dès l’entrée au collège, la notion de sexualité est appréhendée progressivement. Les élèves de sixième prolongent le travail effectué sur la puberté depuis le CM1. Ils comprennent que les changements physiques, physiologiques, psychologiques et affectifs “se produisent selon des rythmes différents pour chaque individu“. Les règles sont évoquées sous le prisme de la prévention, le programme leur expliquant que des“menstruations douloureuses nécessitent une consultation médicale”. Ils étudient les fonctionnements sociaux, avec notamment cette question : “Les stéréotypes ont-ils une répercussion négative et inégalitaire ?”
A partir de la cinquième, ils apprennent à différencier sexe, genre et orientation sexuelle, ainsi qu’à respecter leur diversité. Le consentement, fil rouge du programme, est évoqué de manière plus adulte (“tout acte de nature sexuelle non désiré constitue une violence sexuelle”).
A partir de la quatrième, l’intersexualité est abordée. Les élèves envisagent également “la sexualité comme un cheminement personnel singulier” et comprennent “sa diversité d’expression”. La pornographie et la prostitution sont aussi évoquées. A compter de la troisième, ils définissent les notions de désir, d’excitation, de plaisir et de bonheur. Ils sont sensibilisés aux mutilations sexuelles et au fait que “ces violences sont enracinées dans les inégalités historiques entre les femmes et les hommes”. La notion d’identité de genre apparaît pour la première fois, et non en seconde comme dans la précédente version du programme.
Au lycée, développer tout ce qui a été appris précédemment

Les lycéens de seconde prennent un peu plus conscience que l’identité de genre peut ne pas correspondre au sexe biologique. Ils sont aussi informés de ce qu’est la santé sexuelle et des dépistages existants. Ils doivent par ailleurs reconnaître les conditions qui permettent de “s’engager émotionnellement et/ou physiquement” dans une relation pour s’y épanouir. En première, ils évoquent l’usage de substances psychoactives et les risques de prises de décision inappropriées, “y compris en matière de sexualité”. Ils approfondissent les conditions du consentement et du non-consentement, “ainsi que les principaux éléments du cadre juridique et les risques encourus en cas de non-respect”.
Enfin, en terminale, le programme revient sur la manière de “résister individuellement et collectivement aux violences sexistes et sexuelles et aux discriminations liées au sexe, à l’identité de genre, à l’orientation sexuelle”. Les élèves prennent là aussi connaissance des lois qui protègent les individus et des conséquences juridiques de leur violation.